Chronique des jours n°23 /
Les beaux espoirs
Vraiment les tulipes auront bien tenu dans le vase depuis plus d’un mois. Il est dit qu’aux premiers pétales tombés le bouquet sera jeté, mais les fleurs ne l’entendent pas ainsi : « Laissez-nous durer encore quatre ou dix jours – les tulipes n’ont pas la connaissance précise du calendrier – nous voulons disparaître, tirer nos langues frisées au printemps venu. » Le Père Jaouen n’a pas attendu la fin de l’hiver pour s’en aller dans ses quatre-vingt-quinze ans après avoir aidé des jeunesses à éclore pour de bon, leur apprenant à naviguer dans les mers des Caraïbes et dans la vie : « Démerdez-vous pour être heureux, les gens attendent votre bonheur ! ».
Michel Jaouen est né à Ouessant et peut-être apparaît-il, alors enfant de neuf ans, au milieu d’autres, à la fin du chef-d’oeuvre « Finis terrae »* que Jean Epstein réalisa sur l’île en 1929. Ou bien c’est une pensée.
* l’image de droite est extraite du film de Jean Epstein