Chronique des jours n°20 /

Visite à la Reine et au British museum. Et Lyon ?

 

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Trouver par hasard The Photograher’s gallery dans une ruelle sur Oxford street, y découvrir l’exposition forte et bien documentée de l’américain Leiter, trop méconnu (au moins de moi), est un double bonheur.

Le groupe en manteaux rouges et noirs se rend d’un pas ferme au palais de Buckingham pour être reçu par la Reine : deux dames et dix très vieux messieurs aux beaux visages et à l’allure de jeunes gens sont descendus sans manière du bus. Le conducteur dit que ce sont les vétérans de la dernière guerre.

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Le British Museum tien sa Joconde, c’est la Pierre de Rosette. Mais « le British » s’en fiche il tient aussi des défilés de sculptures et de bas-reliefs assyriens en pierre débordant de cavaliers, guerriers ou chasseurs, qui courent les lions et les transpercent de flèches dans des lignes inlassables de signes illisibles.
Les sarcophages égyptiens de toutes les époques foisonnent, se gigognent et se cognent aux vitrines étroites des salles sombres. C’est drôle, un peu serré tout de même.
Mais ce n’est pas seulement cela, non plus les autres merveilles qu’il contient, qui font ce musée. C’est qu’ici, le musée est dans le coeur des visiteurs, sans excès ni d’attachement ni de fierté, il leur appartient naturellement et c’est une chose que l’on ne peut ressentir dans un autre musée. Le « British » est populaire, il est à chacun, il suffit de venir, d’entrer et sortir librement, de manger sur le pouce ou attablé sous la verrière de la cour centrale, de laisser partir les enfants, d’être ici tranquillement comme au parc. Et revenir dans les salles pour s’attarder sur une pièce. Un musée, si l’on veut, où l’on n’en finirait pas de revenir.

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Retour vers Paris dimanche matin. Eurostar ramène aussi quelques citoyens britanniques de notre côté du tunnel, mais il semble que nous restons fort nombreux autour de la Tamise. Sarah rapportait le premier soir qu’on dit dans Londres, que Londres est la deuxième ville française. Qu’il y aurait plus de français habitant Londres que de lyonnais à Lyon, et qu’ils sont aussi plus jeunes… Et marseillais ? Ou peut-être à cause du British Museum ?


Chronique des jours n°19 /

London Bridge is falling down (no more) et le conte d’hiver

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London Bridge vendredi soir, j’ai tellement photographié de gens sortant de la City, des bureaux ou de je ne sais où et quelques touristes aussi.
J’ai accompagné la fin du jour et presque jusqu’à la nuit, ici, quand la lumière du soir et les lumières de la ville s’affrontent avec la lenteur et que, mine de rien, ça accentue l’empressement du pas des passants. Fin de journée, fin de semaine, on doit rentrer, on va sortir. Un selfie quand même, Tower Bridge a encore ses illuminations de Christmas, au fond. J’aurais bien dix photos prises sur le même trottoir et dans les deux sens à mettre de chaque côté du pont en noir et blanc : la femme en manteau rouge courant pour le bus, l’ouvrier en casquette à l’enjambée heureuse. La fille riant du coup de vent qui lui rabat la moitié de la chevelure sur le visage, l’homme en cravate violette avec le regard fatigué, soulagé, mais là c’était déjà presque la nuit. Un autre, avant, le téléphone enfoncé dans l’oreille, l’air grave et les deux types bavards, sûrement amis, allant au même pas vif et tranquille, l’un tenant bien droit, son parapluie fermé à la main. On est porté à croire que cette agitation flegmatique est habituelle le vendredi soir sur le London Bridge.

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TO Saint-Pancras railway station, through the window of the Irish Pub on Euston road.

Un autre théâtre est le Shakespeare Globe Theatre reconstruit il y a tout juste vingt ans à l’identique du premier disparu dans un incendie peu avant la mort du dramaturge et poète il y a tout aussi juste quatre cents ans. Au « Globe » on ne joue que Shakespeare, en toutes saisons.
Ce soir au bar du Globe on attend pour « The winter’s tale », ce sont les amis de Shakespeare, son club, on parle de lui comme s’il était là. Il va venir William, deux tabourets sont encore libres !


Chronique des jours n°18 /

 My tailor is rich, no sisters and a gun… à suivre

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Sarah est la fille d’un couple d’amis, elle a quitté son Pays fougerais il y a douze ans et c’est dans le quartier de Hackney au nord-est de Londres qu’elle a appris et exerce à son compte le métier de tailleur pour hommes.

L’atelier imprégné de l’odeur des tissus m’est un décor familier de l’enfance, les outils de ma mère n’ont pas beaucoup changé : le dé, la craie, les fusettes et bobines de fil, les pelotes d’épingles, les ciseaux et bien sûr l’étrange mécanique et si savante sans doute que l’on ne sait la nommer, et dans toutes les langues, que par son nom d’usage « machine à coudre ». Le tailleur est sculpteur, géomètre, ses doigts dansent, caressent ou piquent et l’oeuvre, subtil assemblage de pièces molles, ne se relève finalement qu’habitée, habit échappé des mains de son créateur.

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Non loin du Dôme du millénaire « O2 » à Greenwich, deux jeunes filles ravies de se laisser photographier : « No twins, no sisters, only good friends !  »
Fly Emirates Airlines investit dans ce quartier en rénovation : la Compagnie a installé le téléphérique qui traverse la Tamise vers le nord. Dans la cabine une vidéo explique la construction ainsi, me semble-t-il, que les projets d’aménagement dans cette péninsule. On y voit des responsables et techniciens expliquer l’avenir de cet ancien quartier ouvrier et portuaire. Des images fixes apparaissent aussi : une ampoule, deux bocks de bière et ce fusil resté seulement deux secondes à l’écran.


Chronique des jours n°17 /

Nationale 12, la traversée du Perche et jusqu’aux marches de la Bretagne

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Platement, avec les nuages, les Alpes Mancelles s’enfoncent dans les couleurs grises du ciel, mais avant, sur la plaine de l’Orne, on aurait cru que l’hiver s’était pris à poudroyer dans les arbres comme un galop de percherons.

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Au sortir de l’Orne, sitôt passé les « Alpes » il faut prendre à gauche pour le Mont des Avaloirs situé au début de la Mayenne et qui est le point culminant de tout l’ouest de la France (417m).
En haut du Belvédère la belle apparition est tout autour et jusqu’aux bords du ciel, ondulante, souple, serrée comme une dentelle au point d’Alençon : la canopée de neige presque rose au soleil du soir.
Les grains de neige grattés du bout du gant, la table d’orientation indique Londres, plein nord, 330km.


Chronique des jours n°16 /

2016 an neuf

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J’ai pris cette photo le vendredi 6 novembre 2015 vers 1h sur l’avenue Daumesnil à Paris.
Depuis elle tourbillonne dans ma tête comme les feuilles roulaient autour de l’homme qui dort souriant. C’est idiot de ne pas savoir que faire d’une image heureuse et que l’on aime bien.
Bonne année 2016 et le bonheur pour tous.

 


Chronique des jours n°14 /

Dans la maison de Bernard Noël

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Le soleil d’hiver derrière les carreaux, les dernières roses du jardin dans le vase, l’oeil sur les livres posés, le vote du jour, le bois au feu, le bon repas de Lise, et Kristell et Jean-Luc Parant qui passent joyeusement la tête à la table de l’amitié.


Chronique des jours n°13 /

Entre-deux

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Au bout de la rue de Nantes, le canal de l’Ourcq donne sur le monde. Ce matin de grands chefs et chamans amérindiens de l’Arctique sont venus du Bourget pour danser et prier au bord de l’eau. Les langues et fraternités vont bon train, béni soit le canal et la lutte pour le réchauffement des coeurs.


Chronique des jours n°11 /

Quimperlé

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Sur la route du retour, halte à Quimperlé. Marcel sort la tête de l’eau de dégâts dans sa maison. Et le voilà à présent immergé dans la préparation du livre et de l’exposition Thersiquel pour le printemps dans sa ville. Marcel est le gardien du temple du photographe dont il revisite joyeusement l’oeuvre dans des photomontages mettant en scène Thersi et ses modèles. Thersi et ses galets. Thersi et Léonard. Marcel, cher vieil ami, iconoclaste aussi en iconographie.

 

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Revoir Paris, ranger les légumes et retomber sur le dessin abandonné de Pablo.